Les pierres triangle, également appelées « trigonolithes » et « zémis », sont parmi les objets les plus intrigants du patrimoine archéologique précolombien de l’archipel caribéen. Le première des choses que l’on peut noter à leurs sujets est qu’elles sont propres aux Antilles.
Certaines pierres triangles sont ornées.
Les Taïnos des Grandes Antilles ont produit des spécimens remarquablement travaillés, dont l’iconographie mêle des thèmes anthropomorphes, zoomorphes et fantastiques.
Dans le registre archéologique, les trigolithes apparaissent autour de 300 avant J.-C., c’est-à-dire, dans les premiers temps de la phase du Saladoïde Cedrosan Ancien. Dans les Petites Antilles centrales et méridionales, leur utilisation semble avoir décliné après la phase Troumassoïde (700-1000 après J.-C.).
Il faut savoir au préalable que les pierres triangles sont généralement façonnées dans des roches diverses. On leur connaît même des artefacts de forme similaire en coquillage et en bois.
La pierre à trois pointes sélectionnée ici pourrait avoir été élaborée dans de l’éclogite, une roche métamorphique (information fournie par Alain Queffelec, PACEA UMR 5199, CNRS).
Elle a été découverte sur le site archéologique des Salines (Sainte-Anne), qui a été occupé au Saladoïde Cedrosan Moyen-Récent (350-700 après J.-C.) puis au Suazoïde (1000-1500).
On suppose que ces objets étaient originellement fixés sur des supports.
Le trigonolithe que nous analysons a été trouvé en association avec un grand récipient en céramique et trois haches polies ; ce mobilier, situé sous une structure ayant laissé des trous de poteaux, constituait vraisemblablement un dépôt de fondation.
D’après des témoignages ethno historiques relatifs aux Taïnos, en particulier ceux du moine Ramon Pané, compagnon du second voyage de Colomb en Amérique, les pierres à trois pointes étaient des objets rituels, destinés à favoriser les cultures.
Il ne semble pas approprié de les qualifier d’idoles, mais le terme de « zémi » est-il plus acceptable ? En réalité, les pierres à trois pointes sont toujours entourées d’un épais mystère.
Sébastien PERROT-MINNOT
Las piedras triangulares, también llamadas «trigonolitos» y «zémis», están entre los objetos más intrigantes del patrimonio arqueológico precolombino del archipiélago caribeño.
Lo primero que podemos destacar sobre ellas es que son exclusivas de las Antillas.
Algunas piedras triangulares están decoradas.
Los taínos de las Grandes Antillas produjeron ejemplares notablemente trabajados, cuya iconografía combina temas antropomorfos, zoomorfos y fantásticos.
En el registro arqueológico, los trigonolitos aparecen alrededor del 300 a.C., es decir, en los inicios de la fase Cedrosana Saladoide Antigua. En las Antillas Menores centrales y meridionales, su uso parece haber disminuido después de la fase Troumassoide (700-1000 d.C.).
Es importante saber que las piedras triangulares generalmente están talladas en diferentes tipos de rocas. Incluso se han encontrado artefactos de forma similar hechos de concha y madera.
La piedra de tres puntas seleccionada aquí podría haber sido elaborada en eclogita, una roca metamórfica (información proporcionada por Alain Queffelec, PACEA UMR 5199, CNRS).
Fue descubierta en el sitio arqueológico de Les Salines (Sainte-Anne), que estuvo ocupado durante la fase Cedrosana Saladoide Media-Reciente (350-700 d.C.) y luego en la fase Suazoide (1000-1500 d.C.).
Se supone que estos objetos originalmente estaban fijados a soportes.
El trigonolito que estamos analizando fue encontrado junto con un gran recipiente de cerámica y tres hachas pulidas; este mobiliario, ubicado bajo una estructura con agujeros de postes, probablemente formaba parte de un depósito fundacional.
Según testimonios etnohistóricos sobre los taínos, en particular los del fraile Ramon Pané, compañero del segundo viaje de Colón a América, las piedras de tres puntas eran objetos rituales destinados a favorecer las cosechas.
No parece adecuado calificarlas como ídolos, pero ¿es más aceptable el término “zémi”? En realidad, las piedras de tres puntas siguen envueltas en un profundo misterio.
Sébastien PERROT-MINNOT
Die dreieckigen Steine, auch „Trigonolithen“ und „Zemis“ genannt, gehören zu den faszinierendsten Objekten des präkolumbianischen archäologischen Erbes der karibischen Inselwelt.
Das Erste, was man über sie bemerken kann, ist, dass sie ausschließlich in den Antillen vorkommen.
Einige der dreieckigen Steine sind verziert.
Die Taíno der Großen Antillen fertigten bemerkenswert kunstvolle Exemplare, deren Ikonografie anthropomorphe, zoomorphe und fantastische Themen miteinander verbindet.
Im archäologischen Kontext treten die Trigonolithen etwa um 300 v. Chr. auf, also in der frühen Phase der Saladoiden Cedrosan-Kultur. In den zentralen und südlichen Kleinen Antillen scheint ihre Nutzung nach der Troumassoiden-Phase (700–1000 n. Chr.) zurückgegangen zu sein.
Es ist vorab wichtig zu wissen, dass die dreieckigen Steine meist aus unterschiedlichen Gesteinen gefertigt wurden. Es sind sogar ähnliche Artefakte aus Muscheln und Holz bekannt.
Der hier ausgewählte dreieckige Stein könnte aus Eklogit gefertigt worden sein, einem metamorphischen Gestein (Information von Alain Queffelec, PACEA UMR 5199, CNRS).
Er wurde auf der archäologischen Fundstätte von Les Salines (Sainte-Anne) entdeckt, die während der Saladoiden Cedrosan-Mittel- bis Spätphase (350–700 n. Chr.) und später während der Suazoiden-Phase (1000–1500) bewohnt war.
Es wird angenommen, dass diese Objekte ursprünglich auf Trägern befestigt waren.
Der hier analysierte Trigonolith wurde zusammen mit einem großen Keramikgefäß und drei polierten Äxten gefunden; diese Fundstücke, die sich unter einer Struktur mit Pfostenlöchern befanden, bildeten wahrscheinlich eine Grundsteinlegung.
Laut ethnohistorischen Berichten über die Taíno, insbesondere von Bruder Ramón Pané, einem Begleiter von Kolumbus auf seiner zweiten Reise nach Amerika, waren die dreieckigen Steine rituelle Objekte, die die Ernte fördern sollten.
Es scheint nicht angemessen, sie als Idole zu bezeichnen, doch ist der Begriff „Zemi“ treffender? Tatsächlich bleibt ein dichter Schleier des Geheimnisses über den dreieckigen Steinen.
Sébastien PERROT-MINNOT
The triangular stones, also known as “trigonoliths” and “zemis,” are among the most intriguing objects of the pre-Columbian archaeological heritage of the Caribbean archipelago.
The first thing to note about them is that they are unique to the Antilles.
Some triangular stones are decorated.
The Taíno people of the Greater Antilles produced remarkably crafted specimens, whose iconography combines anthropomorphic, zoomorphic, and fantastical themes.
In the archaeological record, trigonoliths first appear around 300 BCE, during the early phase of the Saladoid Cedrosan culture. In the central and southern Lesser Antilles, their use seems to have declined after the Troumassoid phase (700–1000 CE).
It is important to know beforehand that triangular stones are generally made from various types of rock. Similar artifacts made from shells and wood are also known.
The triangular stone selected here might have been made from eclogite, a metamorphic rock (information provided by Alain Queffelec, PACEA UMR 5199, CNRS).
It was discovered at the archaeological site of Les Salines (Sainte-Anne), which was inhabited during the Saladoid Cedrosan Middle-Late phase (350–700 CE) and later during the Suazoid phase (1000–1500 CE).
It is believed that these objects were originally mounted on supports.
The trigonolith under analysis was found in association with a large ceramic vessel and three polished axes; these artifacts, located beneath a structure with post holes, likely constituted a foundation deposit.
According to ethnohistorical accounts related to the Taíno, particularly those of Friar Ramón Pané, a companion of Columbus on his second voyage to the Americas, triangular stones were ritual objects intended to promote crop fertility.
It does not seem appropriate to call them idols, but is the term “zemi” more suitable? In truth, triangular stones remain shrouded in mystery.
Sébastien PERROT-MINNOT
Voici quelques conseils pour naviguer dans l’espace 3D :
Mode Orbit : Faites glisser avec 1 doigt ou utilisez le bouton gauche de la souris pour bouger la caméra.
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Découvrez un une mise en voix
Texte : Sébastien PERROT-MINNOT
Mise en voix : Françoise DÔ.
Enregistrement : Studio Raggioli