Fragment de platine avec empreinte de vannerie

Nomenclature: Fragment de platine avec vannerie – DIAMANT – Dizac plage – 1992 – 207-211
Type: Pétroglyphe

Fragment de platine avec empreinte de vannerie

 

De nombreux produits de la culture matérielle des anciens Amérindiens ont disparu avec le temps, victimes de l’activité humaine postérieure mais aussi des conditions naturelles, notamment l’impact de la faune, l’acidité des sols, l’humidité et l’érosion. 

 

  Ainsi, très peu d’objets précolombiens fabriqués à partir de matières végétales sont parvenus jusqu’à nous, et ils n’incluent aucune pièce de vannerie, alors que les sources ethnohistoriques attestent de l’importance de cet art chez les peuples natifs des Antilles. Au début du XVIIIe siècle, le père Jean-Baptiste Labat a longuement décrit les « paniers caraïbes », dont la fabrication était si soignée, d’après lui, qu’ils ne laissaient même pas passer l’eau. « Ces paniers sont les coffres et les armoires des Indiens », assurait le fameux dominicain.

 

  Cependant, l’archéologie livre des témoignages indirects sur la pratique de la vannerie, grâce à des objets en céramique conservant des empreintes caractéristiques. C’est le cas du fragment de céramique représenté ici ; il provient du site d’habitat de Dizac Plage (Le Diamant), qui a été fouillé à plusieurs reprises depuis les années 1960, et constitue aujourd’hui un gisement de référence pour le Saladoïde Moyen-Récent ou « Saladoïde Modifié » (350-700 après J.-C.). Le tesson en question est un bord de platine, grand disque en céramique ayant servi à la cuisson de la galette de manioc, la cassave (le manioc était un aliment de base pour les populations amérindiennes des Antilles). Le tesson garde la marque d’un ouvrage vanné, sur lequel la platine avait été posée au moment de sa fabrication, avant sa cuisson. 

 

  Si les productions vannées précolombiennes ont disparu, la tradition de la vannerie amérindienne a, quant à elle, été perpétuée jusqu’à nos jours ; en Martinique, on peut s’en rendre compte, en particulier, au Morne des Esses (Sainte-Marie).

Sébastien PERROT-MINNOT